Jon, puisque nous étions en hiver, était chez Dahey Leinster, son maître d'apprentissage au métier de berger dragonnier. Il avait bien vu avec le temps qu'il avait fais aujourd'hui que le soir-même se tiendrait une tempête, ce qui était plutôt courant sur l'île en cette saison, mais toujours désagréable. Le vent faisait vibrer les fenêtre et les flocons de neige dansaient dans tous les sens dans le ciel noir. Le soleil s'était couché très vite et la tempête ne semblait plus très loin. Abbie, la femme de Dahey, s'était mis en tête qu'elle allait faire de la confiture. Voyant qu'elle peinait à la tâche avec son ventre tout rond de femme enceinte, Jon laissa Aoife tranquille, se leva et alla vers la rousse en souriant, lui disant qu'il allait l'aider. Elle lui donna une grande cuiller en bois pour qu'il puisse mélanger les fruits au sucre dans la grande marmite en cuivre, remuer sans s'arrêter pendant cinq minutes. Pendant qu'il tournait et tournait encore, un vieux souvenir de sa mémoire refit surface. Lui et sa mère effectuant les mêmes gestes, alors qu'il n'était âgé que de deux ans. Il se sentit moins joyeux que d'habitude tout à coup, et remua sa cuiller avec moins d'enthousiasme. En effet Kay, sa mère, était morte en même temps que son père, trois ans auparavant. Il repensa à la courte vie qu'il avait eu avec eux et Moen, l'acolyte de son paternel, avec qui il était très proche. Le dragon est toujours en vie, sur l'île des dragons. Il ne supportait pas de vivre sur l'île habitée par les humains sans Luam et décida de partir, même s'il devait laisser Jon se débrouiller seul. Les cinq minutes de touillage obligatoire écoulées, il posa la cuiller sur le comptoir et s'approcha d'Abbie pour la prendre dans ses bras, lui disant d'une petite voix.
« Abbie, t'es comme ma grande sœur, je t'aime beaucoup. »
La jeune femme, un peu étonnée, lui rendit son étreinte aussi bien que son ventre le lui permettait, passant sa main dans les cheveux de l'orphelin en souriant doucement.
« Moi aussi je t'aime va. »
Jon la lâcha et lui rendit un petit sourire, l'air triste.
« Je vais un peu dehors, je reviendrais dans trop longtemps. »

Aoife vint se poser sur le comptoir et regarda son ami avec intérêt. Ce chatouilla la pie du bout du doigt, sans parvenir à retrouver le sourire. L'oiseau se lissa les plumes, un peu énervée, mais elle poussa un petit cri aigu avant de s'envoler vers la cheminée, pour se poser devant le feu.
Jon attrapa son manteau, un bonnet, une écharpe, et les enfila en moins de deux avant de sortir et de refermer la porte derrière lui. Le froid mordant l'entoura aussitôt, il ne voyait pas plus loin qu'à deux mètres. Il enfouit son nez sous son écharpe blanche rayée de vert, enfonça son bonnet orange pâle sur sa tête et fourra ses mains dans les poches de son manteau beige doublé de laine de mouton, laissant ses pas le guider. Après quelques minutes de pensées vagues, il se rendit compte qu'il se rendait vers la forêt de Jade, la plus grande, sa forêt préférée. Il avait apprit tellement au sein de cette vieille forêt. Comment escalader un arbre, chasser de petits animaux, il avait même construit une petite cabane dans un des grands arbres au milieu de la forêt, le territoire de nombreux dragons qui faisaient leurs nids à la cime de ces arbres géants. Repassant les souvenirs dont il se souvenait le mieux, un petit sourire mélancolique sur les lèvres, il se rendit compte qu'il était assez mûr pour son âge, peut-être que le fait de vivre sans ses parents l'avait « aidé » à grandir un peu plus vite mentalement. Il restait très joyeux, déconneur et excité, comme un enfant normal, mais voyait sûrement déjà le monde autrement qu'une grande aire de jeu protégée de tous dangers. Il savait différencier le bien du mal la plupart du temps et en ce moment-même, repasser ses souvenirs avec nostalgie. Le garçon aux cheveux noirs leva la tête vers le ciel, se prenant au passage une bonne rafale de neige dans les yeux, cherchant la lune qui restait invisible derrière les nuages. Jon aime beaucoup la lune, la regarder avant de dormir est toujours agréable, regarder les étoiles et la galaxie, rêver et se perdre dans le ciel. Seul, Jon est un enfant très rêveur, qui pense particulièrement souvent aux autres, et à différentes façons de rendre le monde heureux. Pas qu'il trouve le monde malheureux, mais un peu de bonheur en plus, ça ne fait de mal à personne. Il aime vraiment faire sourire les gens, leur apporter un petit souvenir heureux en plus.
Se sentant un peu mieux, il regarda devant lui, et aperçut bientôt la lisière de la forêt, une tache noire sur un lit de neige grise, en plein déluge de flocons. Il reprit un peu de confiance et se remit à avancer, peut-être qu'il irait justement dans la cabane qu'il avait construite il y a quelques années.

Arrivant de plus en plus près de l'entrée de la forêt – il devait se trouver à environ cent mètres maintenant – il remarqua la lueur d'une maison. C'était une des trois dernières fermes des alentours, un peu reculées du village, ben oui, des gens aiment la solitude et la nature. Il voyait aussi une étrange lumière bleutée, qui l'intriguait fortement, car aucun éclairage de ressemblait à celui-ci, et il ne voyait pas ce qui pouvait bien produire cette lumière. Malgré le vent qui tournait et soufflait très bruyamment, il réussi à entendre les cris de terreur de chamois, ils semblaient venir de la ferme. Oubliant un peu sa tristesse pour de la curiosité, le jeune berger tourna et se dirigea vers la maison d'où provenait les chevrotements aigus du bétail. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, Jon discerna une ombre sous la lueur bleue, et compris après quelques pas qu'il s'agissait d'un dragon, enfin, de son aile plutôt. Et vu la taille, pas celle d'un petit lézard. Ce dernier se trouvait dans l'abri même et devait être la cause de la terreur des chamois. Un peu hésitant, Jon fit tout de même un pas en avant, plus fasciné qu'effrayé. Entourée d'une sorte d'aura bleue, l'aile lui semblait fantomatique, pourtant, le garçon était bien sûr que l'animal était réel. Pourquoi se mettrait-il à rêver en plein milieu de la soirée, dans la neige, dans le froid et sur la route de la forêt ?
S'avançant encore un peu, il osa parler après une brève hésitation. Il lui tardait de voir la taille du dragon en question, qui se cachait à l'intérieur de l'abri des chamois.
« Hey ! Dragon qui est dedans la baraque à viande ! Tu m'entends avec tout ce vent ? »
Il fit encore un pas, sans vraiment penser que le dragon pourrait sortir et le déchiqueter vivant. Il attendait tout simplement une réaction et avait hâte de faire la connaissance du reptile. Il n'avait peut-être pas tout à fait l'âge de chercher son acolyte, Jon aimait toujours les dragons et appréciait leur compagnie, peut-être était-ce devant lui un nouvel ami avec qui il pourrait passer terminer l'hiver.

Jon retint son souffle, la voix du reptile résonnait dans sa tête.
"Oui je t'en...tends. Si tu cherrrrrches viande, ici prrroies nombrrrreuse."
Il sourit, son accent était bizarre, très différent de Moen. Le dragon continua.
"Ai-je fait errreurrrr en venant ici ? Est-ce tes prrrroies ?"
Jon ne dit rien. Il fixait l'animal avec admiration. Ce dernier était sorti de sa cachette et il pouvait à présent voir son corps, très imposant, briller à quelques mètres de lui. Il semblait couvert d'une carapace, ou plutôt d'un squelette externe. Ce genre de dragon était plutôt rare et peu de gens osaient s'en approcher, souvent freinés par l'apparence squelettique. Chose étonnante, le dragon était bien entouré d'une lumière bleutée, serait-ce un Reatha Drekin ? Jon n'en avait aperçu qu'un seul quelque fois dans le ciel, voler rapidement dans les nuages noirs de l'orage. Il plongea le regard dans les yeux bleus de la créature et laissa tomber sa mâchoire inférieure, complètement hypnotisé par la beauté de ses pupilles. Au bout de quelques secondes supplémentaire plongé dans les yeux du dragon, le jeune berger se souvint qu'il lui avait posé une question et revint sur terre, réfléchissant à sa réponse.
« Euh non, ce ne sont pas mes steaks, d'ailleurs ce n'est même pas ma ferme, et je ne crois pas que ces chamois soient élevés pour être mangés par un dragon géant ... »

Géant on pouvait le dire. Le reptile devait bien mesurer 10 mètres jusqu'au début de la queue et possédait deux immenses ailes. Jon ne pouvait pas voir tous les détails mais il lui semblait que l'animal était blessé, ou en tout cas qu'il y avait quelques trous dans la membrane de ses ailes. Il sourit derrière son écharpe et allait lever la tête pour lancer un sourire au dragon quand une rafale de vent violent s'écrasa en plein dans sa face, il faillit tomber en arrière. Forcé de sortir les mains de ses poches, il lâcha un cri des plus féminins et agita les bras comme un débile, échappant à une bonne chute dans la neige fraîche. Les yeux écarquillé de surprise il ne bougeait plus et tentait de calmer les battements de son cœur.
« Putain il se passe quoi ce soir ? Tous les vents soufflent vers le nord et je me prend un vent du sud en pleine face ! »

Il avait plus parlé pour lui-même, jurant contre dame nature. Il commençait à avoir froid, sans vraiment réfléchir, il fit quelques pas vers le dragon, s'en approchant encore plus. Il se frotta les yeux, des flocons lui entravaient la vue, ce temps était chiant, même s'il aimait la tempête, il détestait se faire fouetter par la neige, mais qui aime ça de toute manière ? Même un vieux maso n'aimerait pas ça ! C'est vrai franchement ! Bref, il leva la tête, pas très loin de celle du dragon, et lui adressa un de ses grands sourires sincères, ceux qui donnent envie de sourire en retour, qui réchauffent le cœur.
« Alors, comment tu t'appelles ? Moi c'est Jon ! T'as une voix marrante !»

Et oui, c'est toujours un enfant ce garçon, il n'a pas vraiment conscience du danger et préfère sympathiser avec ce qu'il trouve "cool", apparemment, ce dragon est cool ! Il lui avait fait oublier sa nostalgie, le garçon ne se sentait plus triste et ne pensait plus à ses parents décédés ou son meilleur ami parti pour une l'île voisine. Toute son attention était retenue par le dragon et il le regardait avec de grands yeux admiratifs, n'ayant qu'une idée en tête; faire connaissance. Eh ouais, il est comme ça le petit Jon. Du haut de ses 142 cm, il devait paraitre comme une côtelette pour un dragon de cette taille, devrait se sentir intimidé. Pourtant, il était amical et impatient d'en savoir plus.

Le garçon (en tout cas il avait l'air d'un mâle) semblait quelques peu dubitatif en me voyant complètement. Je le regardais, ne sachant pas trop quoi faire et me demandant même si j'agissais de la bonne manière. J'avais peur de lui. Oui je sais je suis grosse grande et dangereuse mais bien malgré moi ces créatures dont j'ignorais tout éveillait en moi une petite voix qui me disait de fuir. Pourtant je ne voulais pas courber l'échine devant eux tout autant que je voulais comprendre ce qu'ils étaient. Mais bien malgré moi c'était instinctif. Ainsi, voir ce petit bipède me fixait me mit vraiment mal à l'aise. Je continuais de l'observer mais je sentais un feu naître en moi. J'étais gênée et ce malaise fit courir sur mon corps quelques éclairs qui crépitèrent légèrement. C'était ma façon à moi de frissonner. Si ma mère ne m'avait pas appris la correction, j'aurais grogner sur cet inconnu qui m'observait sans une once de décence.

Cependant au vue de sa taille et du peu d'humains que j'avais entrevus, celui-ci devait être jeune. Le vent le pousser et il se trouva presque à la limite de tomber. je me lever et étendit mon aile valide pour le protéger du vent. Il parvint à se remettre sur pied et entra, en se plaignant puis afficha un sourire qui me fit une nouvelle fois des frissons et je repliai mon aile pour reprendre mes distances avec lui. Je tentais aussi de comprendre pourquoi j'étais drôle. Ma voix était normale... Enfin je crois. Je me couchai, repliant mon aile valide contre moi, laissant l'autre à demi posé sur le sol.. Je plaçai ma queue sur mon flanc, puis une fois bien installée, je reposai mon regard sur l'humain en penchant la tête sur le côté, pensive.
J'essayais de comprendre et d'assimiler ce qu'il me disait. Ce petit bout d'homme n'avait vraiment pas l'air dangereux, bien au contraire. Il ressemblait à un bébé, à la fois fragile et énergique. Il me rappelait aussi qu'un jour j'avais été jeune.

"Je parrrrrle peu. Je vis seule."

Je soufflai lentement et fis claquer mes mâchoires avant de gratter doucement le sol comme pour chercher mes mots et le fil de ma pensée. Mes yeux allaient et venaient, se posant parfois sur l'humain pour le juger. Il m'avait posé une question mais je cherchait comment prononcer son nom. Enfin je voulait surtout bien le prononcer... après tout ce jeune humain avait l'air de dire que je m'exprimai mal...
J'ouvris la gueule puis lança mon nom en grondant doucement, cherchant la prononciation avant de lancer à l'intention du garçon :

"Frrrey...a..... Durrrrr à dirrre bien... mmmh... Frreya..."

Je trouvais que mon nom sonnait mal. Il faisait faible et triste alors que dans ma langue, mon nom était fort et puissant. Enfin peut être qu'à mes yeux il était ainsi parce que j'en étais fière. Qui sait ? Je penchai la tête sur le côté et me gratta l'épaule avec le museau mais je ne parvins pas à atteindre la bonne zone et j'abandonnai pour tenter une approche avec le garçon.

"Pourrrrrrquoi tu es ici Jone ? Tu chasses ?"

Je me dis que je devais me tromper. Il n'avait rien d'un chasseur. Il devait surtout être un petit à la recherche de ses parents et le froid l'avait surpris d'où le fait qu'il vienne s'abriter. Quoique peut être pas mais c'était pour moi la raison la plus plausible. Sans m'en rendre compte je tentai une nouvelle fois de me gratter, perdue dans mes pensées, cherchant encore et toujours à comprendre la logique humaine. Pourquoi ce si frêle bipède venait-il à ma rencontre sans me craindre ? Je ne le comprenais pas. Avait-il donc si peu de bon sens ? Dans ce cas il se fera surement croquer par le premier congénère moins clément que moi... Et pourtant. Quand je le regardais il me donnait l'impression de pouvoir tout traverser ce petit bout de bipède. C'en était presque vexant pour moi qui venait de subir une humiliation par dame Nature. Peut être est-ce pour cette raison que je lançai ma phrase sans réfléchir, sur un ton lointain.

"Tu es étrrrange."

« Freya ? C'est ça ? C'est chouette ! »
Jon ne ressentait pas le malaise du reptile, tout ce qu'il sentait, c'était sa propre envie grandissante de faire connaissance, n'étant pas du tout timide. La dragonne lui posa une question. Jone ? Quelle prononciation amusante ! Le garçon sourit puis réfléchi un instant. Pourquoi était-il réellement ici ? Il venait de sortir par mauvais temps sur un coup de tête, dans le froid, pour penser à ses parents qui malgré tout lui manquait. Il rentra ses mains dans ses poches et frissonna légèrement avant de rediriger le regard vers la dragonne et de lui répondre avec un calme posé, contrastant avec son enthousiasme des dernières minutes.
« Non je ne chasse pas, je ne vois rien la nuit, je suis sorti de la maison où je m'abrite l'hiver pour penser à mes parents. Ils sont morts quand j'étais petit, et aujourd'hui j'ai repensé à eux je ne sais plus pourquoi, je crois que c'est quand j'ai fais de la confiture, et j'avais envie de sortir. Je ne sais pas trop où j'ai envie d'aller mais en tout cas pour l'instant je reste près de toi, si ça ne te déranges pas, parce que t'es cool ! Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Et au fait, t'es un mâle ou une femelle ? »

Il n'avait pas du tout remarqué l'aile blessé de la dragonne et pensait qu'elle ne faisait que se promener, tranquillement. Ayant eu un petit creux elle se serrait arrêté sur la route pour croquer un ou deux chamois et se remplir l'estomac. Il avait l'impression que le froid ne l'atteignait pas, vu sa corpulence. Il failli ne pas l'entendre lorsqu'elle dit d'une voix lointaine.
 »Tu es étrrrange. »
Du tac-au-tac, il répondit.
« Toi aussi. » mais se reprit rapidement « Enfin, pas dans un mauvais sens, mais je n'ai jamais vu de dragon comme toi, en apparence je veux dire. Et j'ai l'impression que tu ne connais pas grand chose sur les humains, qui pourtant peuplent l'île autant que vous. Bref, t'es bizarre, mais c'est marrant ! »
Il lui relança un sourire, fier de ce qu'il venait de dire.

Il observa encore un peu le dragon, son corps, ses pattes, et surtout ses yeux. Il ne pouvait pas détourner le regard.
« J'adore vraiment tes yeux, ils sont super beaux ! Les yeux de dragons c'est déjà beau à la base] mais les tiens sont vraiment chouettes. »
Il perçut du coin de l’œil une étincelle, puis un autre. Le corps du reptile était bel et bien entouré d’électricité, enfin c'est ce qu'il pensait. Il parla encore, plus calmement.
« Tu es de quelle race ? Reatha Drekkin ? J'ai l'impression de voir des étincelles, et ça expliquerait ta sorte d'aura qui t'entoure. C'est fun, on dirait un fantôme de loin, ta forme de squelette par contre, est trop bien. »
Soudainement, il eut envie de toucher la peau de la dragonne. Il tendit le bras par automatisme, vers son museau, mais s'arrêta à mis-chemin. Il ne savait pas s'il avait le droit, ou si il allait être électrocuté, ou juste chatouillé. Il lança un regard interrogatif à Freya, lui demandant la permission avec les yeux, espérant que le dragon comprendrait le message. C'est tout ce qu'il espérait sur le coup, qu'elle ne le prenne pas mal. Parce qu'il ne voulait pas perdre le peu de confiance dont il lui semblait disposer. Non non, il ne s’inquiète pas pour sa vie, n'a pas peur de se faire croquer, juste peur de ne pas être accepté. Il est bizarre notre poulet. Sa main droite resta en suspension, il n'osait pas l'enlever ni l'avancer

Le petit humain parlait beaucoup. Je ne pensais pas que les humains étaient aussi sociables. Étaient-ils tous aussi ouvert que ce petit bout d'homme. Il avait l'air de me trouver drôle et cela m'étonnait beaucoup. L'on disait souvent de moi que je faisais bien plus peur qu'autre chose. Vraiment il était étrange mais je lui répondis quand même quand il me prononça mon nom.

"Oui c'est ça : Frreya. Je suis une femelle."

Je se demandai si je devais lui dire pour mon aile et ce qui m'étais arrivée. Mais je préférai taire ce détail par prudence, le laissant poursuivre sans cesser de l'observer. Je réfléchissais sur les paroles du jeune humain. Il semblait avoir perdu ses parents et elle se demanda alors ce qu'était de la "confiturre". Quel drôle de mot. Était-ce un mélange pour la chasse ? Franchement je me le demandais sans arriver à saisir une quelconque aide dans le mot. Et puis pourquoi il me trouvait cool aussi. Je n'avais rien de bien détonnant pour sa race. Enfin il était vraiment étrange et je lançais la phrase sur un air lointain à laquelle il répondit par un "toi aussi".
Ces simples mots me firent réagir. Je fis de grand yeux en me redressant un peu. Il dut sentir ma réaction car il enchaîna très vite la suite. Mais à la suite de ses propos je me détendis à nouveau. Puis je lui répondis en retroussant mes lèvres transparente en un sourire peu encourageant malgré la paix en moi.

"Je vis loin des tiens. Ton peuple ne m'inspirrre pas confiance. Si je suis ici c'est l'accident qui m'y a amené."

Puis mon sourire s'effaça alors que j'écoutais le jeune homme me complimenter et me questionner une nouvelle fois. Je trouvais ce petit bout d'homme fort curieux mais malgré le fait qu'il parlait beaucoup pour sa taille, il ne m'agaçait pas. Après tout depuis le départ de ma mère je n'avais jamais parlé à qui que ce fut. Je le regrettais un peu mais j'avais peur de descendre sur la terre des hommes et je préférais de loin voler et rester sur mes terres inhospitalière à écouter la nature hurler et chanter la vie et la mort.
Il me posait encore et toujours des questions sur moi, sur qui j'étais. Je trouvais cela aussi un peu étrange. Mais je lui répondis quand même.

"Le feu du ciel est ma vie. Donc oui dans votre langue je suis une Reatha Drekkin. L'aura est l'énergie qui vit en moi."

Je sentais le regard du garçon sur moi et je le regardais en retour quand soudain il fit un geste vers moi. Il se stoppa à mi-chemin alors que mon corps émettait un crépitement peu encourageant. Son geste venait de réveiller ma méfiance. Je fis un grondement. et me releva d'un coup en ouvrant la gueule, dévoilant une rangée de crocs tranchant, poussant un sifflement. Mon aura augmenta d'un coup, lançant un éclat bleu sur les murs, déformant les ombres et renforçant mon allure de monstre. Je me dressait face au garçon, montrant les crocs, lançant d'une voix glaciale :

"Es-tu donc si peu attaché à ta vie Jon ?!?"

Je donnai un léger coup de tête au garçon sur son flanc pour le faire tomber et posa mes pattes de par et d'autre de son corps, mon museau au-dessus de lui. Mes yeux étaient plongés dans les siens, les ailes ouvertes, les animaux fuyant désormais par la porte, apeurés par ma colère soudaine et l'énergie qui crépitait dans l'air.

"Tu es petit et frrragile. Mes congénèrrres se sont pas tous dociles. Ne joue pas avec nous. Faut pas confondre courrrage et bêtise petit homme."

Je le regardais un instant, restant immobile. Puis lentement je baissais mon museau vers lui et soupira, libérant une vague d'air chaud avant de sentir le garçon. Il sentait les fruits et le sucres. Une odeur douce en vérité. Peut être aussi douce et innocente que ce bout d'homme que je venais surement d'effrayer par ma réaction.

"Accroche toi que je t'aide à se relever."

Je restais immobile, attendant un geste de Jon pour me pousser ou pour l'aider. Je me sentais un peu mal mais sur le coup son comportement complètement inconscient m'avait énervée et puis qu'elle idée de vouloir me toucher ! Vraiment ! Je calmai mon aura, centrant l'électricité dans mon corps, laissant mon squelette et ma peau coupé. Le froid me piqua un peu, n'ayant pas l'habitude d'agir ainsi mais même si je savais peu de chose des humains, je savais quand même qu'ils n'étaient pas des enfants de la foudre.